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Héritage social

 

La mémoire collective d’un lieu est souvent ce qui définit ce dernier, du moins jusqu’à ce qu’on lui impose un changement. Madanipour illustre bien le fait que les espaces physiques ont une grande influence sur l’évolution sociale tant que le physique n’agit pas à titre d’épiphénomène au social. L’inverse est aussi valable, le milieu social a tout autant d’impact sur l’espace physique. Ce qui a été le cas du Lower Lea Valley de Londres, site réinvesti dans le cadre des Jeux olympiques. Bien que le site représentait un lourd passé industriel et une pauvreté sociale, il en était de peu pour faire ressortir le positif, des caravanes de gitans, de la forte présence artistique, de la vie de communauté déjà installée. Appuyer la naissance de nouveau milieu de vie sur le passé social des lieux sera également un élément clé à la réussite du projet. Par exemple, le vélodrome qui a été implanté à l’emplacement même où se trouvait un parcours de vélo qui a été utilisé pendant plus de trente ans fera un rappel à la mémoire collective des communautés avoisinantes. La tenue d’évènements comme les compétitions de vélo sur un parcours aménagé à proximité du vélodrome fera aussi partie des projets post Jeux qui ­­contribueront à l’acceptation sociale de telles infrastructures dans un milieu peu urbanisé.

 

Volontés politiques

 

Des stratégies claires, une vision d’ensemble à long terme, des échéanciers sérés, des partenaires préétablies, toute cette structure a été mise en place par le maire de Londres  dès la confirmation de l’arrivée des jeux en 2005. Faire appel au savoir local était sans doute l’une des priorités. Nous pouvons lire dans les stratégies du London Legacy Development Corporation la grande sensibilité accordée à l’art et la communauté, en voici quelques exemples :

 

  • Créer un lieu de diffusion d’art et de culture accessible à tous

  • Bâtir à partir du patrimoine existant des lieux publics en lien avec la communauté

  • Assurer une pérennité des lieux de création

  • Alimenter les esprits créatifs et assurer une relève artistique

  • Supporter les nouvelles initiatives pour assurer une croissance constante de la production artistique.

 

Ce sont tous des enjeux vastes, mais qui permettront de rallier les communautés à la préparation des jeux. Nous pouvons voir quelques exemples de projet qui ont été faits en amont des jeux.

 

Travail en amont

 

L’amorce d’un travail social se fera en 2005, dès que Londres fut confirmé comme ville hôte des jeux de 2012, la ville prit comme décision de profiter des Jeux olympiques pour non seulement revitaliser les aspects physiques du site, mais également la vision sociale des quartiers avoisinants. La création d’un comité populaire, London Legacy Development Corporation, à la demande du Maire de Londres validera les volontés politiques d’impliquer les citoyens dans le processus décisionnel du développement des Jeux. Cette initiative permettra une consolidation rapide des bordures du site. Dans le document intitulé Stiching the Fringe, nous pouvons voir les stratégies hâtives de développement social.  L’implantation d’activités communautaires et la requalification d’espace publique existante ajouteront à l’engouement et à la frénésie de l’arrivée des jeux. Bien que déjà 80% de la population avoisinante était en faveur de l’implantation des jeux dans leur quartier, les efforts d’acceptation n’ont pas pour autant été mis de côté. Nous soulignons l’importance de ce processus à la réussite proprement dite des Jeux olympiques.  

 

 

Préparation du terrain

 

Le travail en amont des jeux s’est vu indispensable au succès du projet. Afin de bien préparer les communautés avoisinantes à la tenue d’un évènement d’une telle envergure. L’influence des espaces physiques sur la vision sociale du projet apportera une sensibilité communautaire qui bonifiera et validera l’implantation de certaines installations. La revitalisation globale de la périphérie du site misera sur la multifonctionnalité plus que sur la mono fonctionnalité se qui assurera une pérennité des usages.

 

Le White Building :

 

La réhabilitation de bâti dit industrielle en lieu de convergence artistique est un bon exemple de la réappropriation d’un lieu empreint dans la mémoire collective. Devenue un nouveau centre artistique et technologique au cœur du quartier Hackney Wick, l’ancienne imprimerie deviendra diffuseur de l’art local. Le projet inclus des résidences pour artistes, des studios de production et d’exposition, des espaces évènementiels et communautaires et le tout complété du CRATE microbrasserie/café.

 

Leyton links :

 

Ce projet fait partie de l’une des nombreuses installations artistiques qui ont été implantées en périphérie du site. Tous issues du London Legacy Development Corporation ils sont l’essence même de la réinsertion d’une vie communautaire. Ces projets artistiques coordonnés par la firme d’architectes East Architects ont tous été réalisés en collaboration avec des marchands, entreprises et artistes locaux. Ils sont devenus un outil de discussion et de diffusion du savoir local. À l’aube des Jeux olympiques, ces projets ont regroupé les communautés vers une vision commune du nouveau développement.

Une vision à long terme

 

La mémoire collective des lieux publics est un élément clé dans le développement et la revitalisation de la vie d’un quartier. L’identité sociale d’un lieu encourage la volonté publique à s’investir dans le développement de celui-ci par l’entremise de regroupement politique et populaire. La ville de Londres a donc ici utilisé le tremplin des Jeux olympiques pour solliciter l’intérêt envers un site qui aurait pris plus que 20 ans pour qu’on lui en porte autant. Une flexibilité des espaces construite aura donc été primordiale dans le développement du parc. La vision moderniste de la forme suit la fonction aura donc été mise de côté pour laisser place à la forme libre et libres fonctions s’implanteront.

 

National paralympic Day, East London Festival, RIDE20 :

 

Les évènements post jeux sont davantage de grande envergure, elles ont comme but de refaire vivre à une différente échelle la frénésie des évènements olympiques. Bien qu’elles rejoignent un plus grand public, chacun de ces évènements prend en compte le passé historique du site et des quartiers existants. L’été suivant les Jeux près de 700 000 personnes ont visité le site par le biais des différents évènements. Le East London Festival qui permet de faire rayonner les talents locaux a accueilli 43 000 personnes dès sa première édition. D’autres activités comme le Paralympic Day ainsi que le RIDE20 contribue à la visibilité grande échellent des lieux. Le London Legacy Development Corporation a d’ailleurs reçu le prix du développement après seulement un an d’activité. Les fonds recueillis auprès des charités représentent 2,5 millions de livres sterling ce qui contribue grandement à la réalisation de tel projet. 

Un rapport d'échelle

 

La revitalisation sociale d’un lieu demande davantage de temps que la revitalisation physique de celui-ci. Le rapport entre l’espace physique et social a toujours soulevé de grands questionnements sur le développement des villes, comme le rappel Madanipour. Bien que l’une ne va pas sans l’autre, il va de soit que de ce questionner sur l’influence que portera les infrastructures physiques sur la vie des résidents à proximité du Parc olympique. Il prendra beaucoup de travail pour rendre à échelle humaine des installations aussi massives qu’un stade olympique. Le choix d’une hiérarchie de bâti et de l’identité des nouveaux quartiers par rapport aux espaces physiques construits influencera grandement l’image sociale de ceux-ci. Par exemple l’implantation des quartiers urbains à plus forte densité près des infrastructures d’envergure comme le stade ou le pavillon aquatique comparativement au quartier de plus faible densité près du village olympique et du vélodrome validera la réussite du projet urbain. La création de grandes esplanades vertes permettra des percées visuelles constantes sur les infrastructures olympiques tout en permettant une certaine cohésion entre les différentes échelles de bâtie. L’avenir du Parc Olympique n’en tiendra qu’aux futurs résidents et à leur appropriation de l’espace urbaine créée.

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